Réalisme politique. Le mot se veut "tactique" et "responsable", mais masque en réalité tous les renoncements de la terre. L'écologie politique n'est enfin plus considérée comme un "ghetto utopiste". Notre travail de pédagogie a porté ses fruits. Europe écologie est devenu un parti crédible pour le grand public, c'est très bien. Avoir raison seul contre tous ne peut être la voie menant aux changements de modèles économiques, écologiques et sociaux indispensable pour construire demain.
Mais parce que l'écologie politique a incontestablement muri ces dernières années; parce que de plus en plus de Français "apolitiques" se retrouvent dans notre projet de société, nous avons une responsabilité grandissante et nous devons aujourd'hui plus que jamais avoir le courage de tenir tête à nos partenaires. Une relation mature et équilibrée entre partis de gauche est à ce prix-là !
La crise économique, écologie et sociale est aussi passé par là ! Confirmant ce que nous avons toujours dit...
Certes nous sommes un parti de gauche. Certes nous nous devons d'accepter les responsabilités que les électeurs nous accordent, et nous ne pourrions à l'heure actuelle le faire avec aucun autre parti que le Parti socialiste. Mais ne confondons pas réalisme politique et réalisme politicien. Europe écologie n'est pas le PS. Les programmes de Cécile Duflot et de Jean-Paul Huchon sont très éloignés. Parfois même incompatibles. Négociation implique concessions, mais trop longtemps nous avons accepté d'avaler des couleuvres pour exister politiquement.
Il ne peut pas y avoir d'accord viable entre les deux listes si l'on n'évoque pas les sujets qui fachent. Le bilan écologique de Jean-Paul Huchon tout d'abord, que nous devons avoir le courage d'assumer puisqu'il est aussi un peu le notre. Mais pour l'assumer pleinement dans la mandature à venir, ne nous contentons pas d'une coquille vide de vice-présidence à l'écologie. La politique écologique du conseil régional ne peut être dissocié des politiques de transports et de logement.
Cécile Duflot et Europe écologie doit avoir les coudées franches sur la politique écologique au sens large du terme de la région dans un portefeuille comprenant transports et logement. Seule solution pour peser réellement sur la politique écologique du conseil régional et mettre en oeuvre un véritable "laboratoire vert-rose", qui préfigurera une nouvelle gauche diverse et ancrera efficacement l'écologie à gauche et la gauche à l'écologie. L'Île de France doit être la région pilote de ce nouveau paysage de la gauche française.
Autre sujet qui fache et qu'on ne pourra pas passer sous silence sous peine d'obtenir un accord batard, qui n'aura pour tout mérite d'assurer 2.000 euros par mois d'indemnités à quelques élus bien placés en nous donnant une illusion de poids politique, le Pass Navigo à tarif unique. Cécile Duflot s'est à de nombreuses reprises, avec beaucoup de courage d'ailleurs, prononcée pour un tarif unique du Pass Navigo à 65 euros. Les socialistes ont été contre tout au long de la campagne. Sur ce point aussi ils devront faire des concessions et accepter cette proposition de justice sociale qui permettra de décloisonner Paris de sa banlieue et offrira une réelle unité à tous les franciliens. C'est cette fois leur ancrage à gauche qui est en jeu.
Jean-Paul Huchon doit enfin s'engager à mettre en oeuvre, main dans la main avec Europe écologie, un modèle de développement économique local porteur d'une autre croissance, fondée sur des indicateurs alternatifs et solidaires.
Attaché à des négociations de fond transparentes, le collectif Sequana demande la mise en place de politiques vraiment vertes et solidaires:
-la constitution d'un pôle écologie global confié à Cécile Duflot et comprenant notamment la gestion des politiques de transports et de logements
-l'application du tarif unique du Pass Navigo
-un modèle de développement économique régional solidaire porteur d'une autre croissance
Nos votes sont au prix de ces exigences.